Première édition !

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Les événements de Trost, tous récents, font encore palpiter et s'emballer les cœurs. Le feu, le sang, les cris, la peur... Beaucoup me traiteront, une fois de plus, de tous les noms, mais, j'ai tendance à dire que tout cela fait, simplement, parti de nos mœurs.
Durant toute la journée, alors que l'humanité en faisait un plat, je soupirais tout bas. C'est bon, les gars. Ce n'était que des inconnus, de vagues connaissances, des camarades soldats. Je hais ce genre de comportements : pleurer des défunts que l'on ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Vive le niveau d'hypocrisie. Vraiment, j'applaudis. La seule que je peux pardonner, sur le sujet, c'est ma petite protégée. Par ailleurs, en parlant d'elle...

Cela doit bien faire une heure que le soleil s'est couché et que le couvre-feu a sonné. La quasi-totalité des filles du dortoir tente de fermer les yeux et oublier, mais, elle, elle continue de se lamenter. Je roule du regard. Il y a vraiment des moments où je peine à la cerner, cette petite poupée. Qui allait devoir la consoler même si elle n'est absolument pas douée en l'art de rassurer ? Bingo : moi. Tch... Bon, allez. Ça va pas me tuer et ça doit pas être non plus si compliqué. Je touche du bois.

Les heures défilent et, rien y faire, je ne parviens pas à l'apaiser. Aaaah... Christa... Tu es bien compliquée. Je m'en suis laissé tombé sur le matelas, à cours d'idées.
Pour plus d'aise, car mine de rien, je commence à fatiguer et donc, vouloir me libérer de mes souliers, je pense à me déchausser.
Et là me vient la pensée la plus immature de l'année.
Putain. J'vous jure... Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour un être aimé que l'on souhaite voir en bonne santé et regorgeant de gaieté...

Je bidouille quelques instants avant de me redresser. Déjà exaspérée de ce que j'allais faire. Tapotant doucement son épaule, je soupire et dit de mon ton habituel, monocorde et blasé :
- Dit ? T'connais l'histoire de Monsieur Sette ?
La petite blonde secoue la tête négativement, avant de se retourner, curieuse. C'est alors que je l'agresse avec une marionnette-chaussette trouée qui fait bien pitié.
- J'peux pas te la raconter, elle est trop triste... T'en aurais l'moral dans les chaussettes !

Oui. C'était gamin, facile et, surtout, nul à chier. Mais, écoutez... Que voulez-vous ? On en a réveillé le dortoir entier, tant on en a gloussé...
Comme quoi il suffit de chaussettes pour égayer des soirées désespérées...

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